Un peu d’histoire de la communauté IHEDN.

Quelques remarques préliminaires.

Les archives révèlent un passé bien en amont de la naissance officielle de l’IHEDN(1948-1949- décret du 15 janvier 1949), l’influence de l’IHEDN sur l’enseignement militaire supérieur.

La complémentarité entre une institution et des associations s’est révélée et se révèle toujours particulièrement originale: le cordon ombilical n’a jamais été coupé entre la maison mère et les associations.

Il ne faut pas pour autant faire la confusion entre l’institution et les associations.

La communauté IHEDN s’est adaptée en permanence à l’évolution des questions de sécurité au niveau national et international.

La communauté IHEDN regroupe aujourd’hui l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), les 42 associations regroupées dans l’Union-IHEDN.

La présentation qui suit abordera ainsi quelques éléments d’histoire de la communauté IHEDN, associant en permanence l’institution, les associations, notre association régionale…

Du Collège des hautes études de défense nationale, l’Institut des hautes études de défense nationale.

La création du Collège des hautes études de défense nationale – CHEDN (1936-1939).

Avant 1914, on constate déjà l’inscription des problèmes militaire dans un cadre plus global: concept émergent de défense nationale.

La première guerre mondiale a placé la guerre comme un phénomène désormais total:

– début des années 1920: mise en chantier de la loi sur l’organisation de la nation en temps de guerre votée en 1938,

– le Conseil supérieur de la défense nationale voit son rôle renforcé, se dote d’un exécutif à la fin des années 1920: le SGDN

Dans les années 1930, l’aggravation de la situation internationale (Allemagne nazie, Italie mussolinienne, début de la guerre d’Espagne) alerte la classe politique.

Le Ministre du gouvernement du «Front populaire», Edouard DALADIER, ministre de la guerre, en charge de la défense nationale entend:

-développer la coopération entre les 3 armées,

-développer la collaboration entre militaires et civils, s’appuyant sur le Comité permanent de la défense nationale où des ministres non militaires sont admis.

C’est lors d’une réunion du Comité permanent de la défense nationale, le 29 juillet 1936 qu’est prise la décision de créer le CHEDN.

Concept audacieux, projet politique, il restait à trouver l’Homme capable de la mise en œuvre.

Le Vice Amiral Raoul CASTEX, préfet maritime et commandant en chef de la 2ème région militaire à Brest est rappelé à Paris pour prendre la direction du CHDEN.

Auteur des « Théories stratégiques », publiées entre 1929 et 1935, conscient que les formations ne correspondent plus aux exigences de la défense nationale, l’Amiral CASTEX souscrit sans difficulté à l’ambition du CHDEN.

Il s’agit de

créer entre les auditeurs une unité de sentiment, de pensée de doctrine par le travail en commun, pour préparer la défense du pays (temps de paix comme en temps de guerre)

-affirmer la coopération interarmées,

-affirmer la combinaison des efforts des civils et des militaires dans la préparation et la conduite de la guerre.

Le pari est lancé de faire surgir du néant, en si peu de temps (2 mois), un tel projet recrutant civils et militaires hors secteur privé, sans aucun précédent  hors  « l’Imperial Défense College » de Londres, créé en 1927

La première session s’ouvre en octobre 1936.

Jusqu’à la seconde guerre mondiale, 105 auditeurs dont 42 civils bénéficient d’une formation. On note peu d’impact sur la préparation au conflit qui éclate en 1939, mais apparaît une prise de conscience des problèmes politiques, financiers, sociaux, psychologiques…ayant une répercussion sur la conduite de la guerre.

La seconde guerre mondiale met le CHDEN en veille.

A l’issue de la guerre, la renaissance des hautes études de défense nationale.

Le désastre de 1940 a marqué les esprits. Le second conflit  mondial a confirmé les analyses du CHDEN. La donne nouvelle: l’arme nucléaire et le début de la guerre froide, les guerres coloniales confortent l’idée de recréer la structure.

La France est amenée à repenser la formation de ses élites, en particulier militaires,  aux questions de défense, sur trois niveaux:

 niveau 1 – Ecoles d’état-major

 niveau 2 – Ecole de guerre

 niveau 3 – «centre des hautes études de défense nationale et d’économie de guerre».

Le terme « Institut », porteur de davantage de notoriété et de rayonnement, va être préféré au terme de «centre» hérité de l’appellation «centres de hautes études» utilisés précédemment par chaque armée.

La mission de l’Institut.

les formations s’adressent au personnel civil et militaire à l’échelon gouvernemental et immédiatement subordonné.

les formations s’étendent à tous les domaines de l’activité nationale, impliquent la connaissance de la politique mondiale,

Les formations vont contribuer à l’établissement d’une doctrine de défense nationale.

Paul RAMADIER inaugure la première session le 29 novembre 1948 alors que le décret d’établissement de l’IHEDN n’est pas encore paru.

Le décret du 20 février 1949 confère une existence légale à l’IHEDN.

Le décret du 30 janvier 1949 élargit le recrutement au secteur privé.

Par la suite la règle des trois tiers va prévaloir.

Dans le nouvel institut, la libre recherche et la libre expression supplantent rapidement la formation. Une pédagogie inductive, originale est mise en place (conférences, travaux en comité, visites) . Cette pédagogie ne variera pas fondamentalement dans le temps.

L’apparition et le développement des sessions en régions.

Les associations régionales naissent, renforçant le maillage territorial et l’écho des questions de défense dans le pays.

Le public des sessions nationales apparaît trop peu important au regard de l’ambition portée par l’IHEDN. Les régionaux ne peuvent séjourner 8 mois à Paris. C’est pourquoi, sans doute à l’initiative du directeur de l’IHEDN, validé par les autorités, se met en place un « cycle régional d’information » à Alger en 1954.

L’expression « cycle régional d’information » apparaît à posteriori dans un rapport du 3 mai 1955. Ce même rapport parle d’un « premier essai de déconcentration », annonce deux essais en métropole à Lyon (septembre-octobre 1954) et à Lille (mars avril 1955).

Le 1° Juillet 1955, à la suite du 3è cycle régional d’information  (session en région) qui s’était tenue à Lille en février 1955, quelques participants créent une amicale à Lille. L’Amicale regroupe des adhérents du Nord-Pas de Calais et de la Picardie.

Le vif intérêt des participants, la part active des autorités régionales dans le recrutement des « assistants » (terme de l’époque pour désigner l’auditeur) et dans l’organisation matérielle amène, le 15 avril 1955, le directeur de l’IHEDN à demander au ministre de la Défense que soient prévus 3 cycles régionaux d’information par an, à créer, à l’IHEDN, une section spéciale chargée de l’organisation et de la « formation continue » des assistants (anciens auditeurs). Un lien permanent est établi entre l’IHEDN et les associations.

La « note d’information sur l’organisation et le déroulement des cycles régionaux d’information de défense nationale » paraît le 17 décembre 1960, cadrant le dispositif alors que se prépare le 15ème cycle régional de formation.

Le cycle d’information réunit 60 à 70 assistants validés par le premier ministre, s’étale sur 3 semaines (4 journées pleines par semaine), complétées par 3 journées réservées aux séances plénières et à la clôture du cycle. Les activités y sont à l’identique des sessions nationales.

A l’issue du cycle, les assistants constituent une «Association régionale des Anciens Assistants de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale».Les associations régionales, ainsi créées, sont tenues informés des travaux de l’Institut et invitées à participer à un ou deux travaux annuels au sein des comités locaux.

La discussion de ces travaux fait l’objet d’une séance plénière interrégionale (prémices du forum national des auditeurs).

La nécessité de multiplier les sessions pour alimenter le recrutement et pérenniser les effectifs des associations régionales apparaît très vite.

En 1966 l’IHEDN demande aux groupements provinciaux d’auditeurs de se déclarer officiellement.

C’est ainsi que l’« Association de l’Institut des hautes études de défense nationale Zone de Défense Nord » (A–IHEDN–ZDN) se constitue (dépôt en Préfecture le 23 Février 1967).

L’association regroupe toujours le Nord-Pas de Calais et la Picardie (Aisne, Oise et Somme.

La création de l’Union des associations en 1975 a pour vocation de créer des synergies, de renforcer la communauté des auditeurs, de susciter, de développer et de coordonner les activités menées par les différentes associations.

En cohérence avec le concept de défense globale, l’IHEDN est placé sous la tutelle du Premier ministre en 1979, donnant à l’IHEDN une nouvelle base juridique: la subordination au Premier Ministre, responsable de la Défense nationale aux termes de la Constitution, donnant de nouvelles tâches à l’IHEDN: entre autres le concours à apporter aux universités et aux établissements d’enseignement supérieur, l’harmonisation des statuts des auditeurs des sessions nationales et en régions.

Sur le plan régional, un DESS d’administration de la Défense voit le jour le 16 novembre 1979 à la faculté de droit et santé de Lille.

L’IHEDN des années 1980 est structurée en conséquence, en particulier, on trouve une direction des activités régionales, une section des relations avec les associations d’auditeurs. Un lien direct demeure entre l’IHEDN et les associations.

Dans les années 1980, on compte une moyenne de 5 sessions en régions par an. Les travaux des sessions sont recentrés sur deux thèmes : la défense militaire et les autres aspects de la défense.

Dès 1982, les Picards commencent à «s’affranchir de la tutelle pesante du président régional Jean-Paul PAULUS».

Le 15 mars 1984 naît officiellement l’AR 24, l’association picarde des auditeurs de l’IHEDN qui accueille ses auditeurs de la 76ème session en régions. La Picardie s’est séparée du Nord-Pas de Calais

En 1985, les 84 sessions en régions qui ont eu lieu avaient réunis 5209 participants.

Il faut rappeler, à ce niveau, la mise en place des protocoles « Défense-Education nationale à partir de 1982, la création des trinômes académiques en 1987 où s’implique la communauté IHEDN.

En ce qui concerne notre association régionale:

– le 27 mars 1987 a lieu la séance inaugurale d’un cycle de conférences, à l’initiative du professeur PIROTTE et d’Alain DEROIDE : « Les Rencontres Education-Défense » placées sous la tutelle du Général GUicHARD, gouverneur militaire de Lille et Commandant de la IIème région militaire, du Professeur VANLERENBERG, président de l’université de Lille II, du Docteur HECQUET, président de l’association régionale.

– l’intronisation officielle du trinôme académique de Lille eu lieu en la citadelle de Lille le 27 juin 1988 en présence de messieurs HECQUET, BERTEZ, DEROIDE, FIEVET, MANESSIER et PAULUS.

-en 1991, à la demande du trinôme, Monsieur le Recteur PAIR a créé le comité Académique Citoyenneté-Défense de Lille afin d’aider le trinôme dans sa mission (Composition tripartite – séance plénière présidée par les autorités de tutelle – animée à tour de rôle par l’une des trois entités du trinôme).

En 1996, la professionnalisation des armées, la suspension de la conscription entraînant le risque de dissociation entre le monde militaire et la nation, l’IHEDN apparaît plus utile que jamais dans sa mission de soutien au lien «armée-nation».

Le décret du 5 septembre 1997 érige l’IHEDN en établissement public à caractère administratif.

L’IHEDN se reconfigure en conséquence: une direction des activités décentralisées et des relations avec les associations (DADRA) , réaffirme le lien direct avec les associations.

En 1996, sont institués les séminaires jeunes qui prennent pour modèle de leur organisation les sessions en régions (500 participants par an depuis). Les séminaires jeunes sont devenus un produit phare de l’IHEDN.

On souligne parfois les difficultés d’intégration des jeunes dans les associations régionales (réticence des auditeurs en titre, quota de membres associés).

Cela existe sans doute, mais il serait utile de s’intéresser à d’autres réalités liées au fonctionnement de l’Union-IHEDN et de l’association nationale des auditeurs jeunes.

Notre association accueille comme titulaire, sans discrimination, toute personne ayant bénéficié d’une formation de l’IHEDN, donc tout jeune ayant bénéficié d’un séminaire, qui veut bien accepter ses fonctionnements conformément à ses statuts et règlement intérieur. Il serait sans doute intéressant d’évaluer le nombre d’auditeurs jeunes qui ont ensuite fait une session.

En 2004, dans le cadre des trinômes académiques, est signée une Convention cadre qui crée la Commission pour la promotion de l’esprit de défense CPEDF). La communauté IHEDN y est fortement impliquée, en particulier les associations régionales.

En 2008, la prise de conscience d’un monde en pleine restructuration conduit à la définition du concept de sécurité nationale. On constate :

– l’affirmation de l’IHEDN dans sa vocation propre lors de la réforme des instituts de défense et de sécurité en 2008,

– une rénovation de l’IHEDN dans le cadre du nouveau concept de sécurité nationale (fusion avec le Centre des hautes études de l’armement (CHEAr) et rapprochement de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice – INHESJ),

– la mission élargie de l’IHEDN aux questions de politique étrangère, d’armement et d’économie de défense, une large ouverture à l’international (contribution aux formations organisées par le ministère des Affaires étrangères).

– l’IHEDN se donne comme première mission de, la construction de l’esprit de défense et de la résilience des populations d’où des formations plus nombreuses et adaptées (sessions en régions, nationales, internationales, cours européens, séminaires ciblés ou thématiques).

L’association régionale avait anticipé dans certains domaines depuis 2006, développant ses activités de diffusion d’une culture républicaine de défense et de sécurité nationale au profit de différents publics.

Les études ne deviennent pas secondaires, mais secondes, outils d’actualisation des connaissances, de rayonnement et de diffusion de l’esprit de défense.

La nouvelle donne a déstabilisé un certain nombre de nos adhérents (moins de participation aux études annuelles).

L’appellation AA-IHEDN-RN a été introduite dans les statuts par l’AG du 23 octobre 2006.

Pour conclure cette seconde partie, évoquons les noms des présidents de notre association depuis 1955.

Lucien THOREUX (3eme Session Régionale-1955-Lille), le Professeur DECUYPER (18eme Session Régionale-1962-Lille), le Professeur Jacques VANLERENBERGHE (33eme Session Régionale-1970-Lille), Jean Charles PAULUS (33eme Session Régionale-Lille), Jean-Pierre HECQUET (55eme Session Régionale -1978-Amiens), Armand MARTIN (98eme Session Régionale-1989-Beauvais), Bernard COGET (144eme Session Régionale-2001-Amiens), Jean-Pierre ARRIGNON (92eme Session Régionale-1987-Toulouse), Eric MAQUER (144eme Session Régionale-2001-Amiens). Christian DRELON (173ème session régionale).

Pour en savoir plus sur l’histoire de l’IHEDN.

L’histoire de l’IHEDN, depuis sa création en 1936, raconte « notre histoire » : l’histoire d’une communauté d’auditeurs qui est aussi celle de notre pays ; l’histoire d’une institution qui a su se transformer au fil du temps pour œuvrer à la défense nationale, en forgeant, de génération en génération, cette « unité de sentiment, de pensée et de doctrine » qui conditionne l’efficacité de l’action. Le monde change, l’IHEDN aussi…

Cliquer sur l’image pour accéder à la conférence (site de l’IHEDN) ou ICI pour accéder à la conférence sur youtube