Historique des protocoles « Défense-Education nationale » et des trinômes académiques.

1982

            Les ministères de l’Education nationale et de la Défense signent en septembre 1982 un premier protocole dont le but est de rapprocher les communautés enseignante et militaire, dans le respect de leurs responsabilités propres, et de développer l’esprit et la culture de défense.

            Dans son préambule le protocole déclare : « La notion de sécurité est indissociable en France de l’existence d’une communauté nationale façonnée par l’Histoire, animée d’un véritable esprit de défense (….). La mission de l’Education nationale est d’assurer une éducation globale visant à former de futurs citoyens responsables ».

            En appui de ce protocole, des groupes de réflexion mixtes sont chargés d’étudier les mesures pouvant concourir au développement de l’esprit de défense et, en particulier, à la formation des formateurs en matière d’éducation civique.

1987

            Un premier bilan des actions entreprises est effectué. Un groupe de travail est créé avec mission de proposer une organisation à mettre en place afin d’assurer la formation des enseignants en matière de défense. Son rapport établit que « l’esprit de défense est inséparable de l’éducation civique globale du citoyen, la défense globale et permanente concernant toutes les activités du pays et tous les citoyens, comme l’affirmait l’ordonnance de 1959 ».

            Pour la mise en oeuvre des actions de formation des formateurs, le groupe de travail propose, en septembre 1987, l’organisation originale des trinômes, décentralisée au niveau des académies. Chaque trinôme académique est placé sous la tutelle du recteur, assisté de l’autorité militaire territoriale et du président de l’association régionale des auditeurs de l’IHEDN (adjonction de la société civile aux communautés enseignante et militaire).

            Les trois représentants constituent le « trinôme académique » chargé de la mise en oeuvre des actions de formation. A l’origine ces actions comprennent essentiellement des visites d’installations et d’unités militaires et des conférences assurées soit par des militaires en activité, soit par des auditeurs de l’IHEDN civils ou militaires bénévoles, les sujets traités couvrant tout le champ de la défense globale.

1988

            Les trinômes académiques sont réunis pour la première fois dans leurs trois composantes (académie, autorité militaire régionale et association IHEDN) sous forme de séminaire à l’Ecole militaire en février 1988.

            Madame Alliot-Marie, alors secrétaire d’état à l’enseignement prononce le discours inaugural en annonçant d’emblée que « l’esprit de défense est inséparable de la formation globale du citoyen » et que l’organisation nouvelle mise en place a été conçue comme «celle de la formation des formateurs, qui, dans chaque académie, devra former à l’esprit de défense des personnels de l’Education nationale».

1989

            Après avoir réalisé quelques actions à titre expérimental, les trinômes académiques démarrent véritablement avec la publication du deuxième protocole Education national-Défense, signé en janvier 1989, qui officialise leur organisation et confirme leur rôle ainsi que les trois principes fondateurs de 1987 :

– défense prise dans son sens global (militaire, civile, économique et culturelle),

– décentralisation au niveau des académies,

– participation active des associations régionales d’auditeurs IHEDN.

La signature du deuxième protocole en 1989 a pour but d’intensifier les relations de travail entre les deux communautés enseignante et militaire et accroître les effets du protocole de 1982.

            Dans cet esprit, deux types de formation sont retenus pour les trinômes académiques :

– une formation initiale dans le cadre de l’enseignement dispensé dans les Instituts Universitaires de Formation des Maîtres (IUFM) au profit des futurs professeurs sous forme de modules d’enseignement de défense,

– une formation de perfectionnement, destinée à un public plus large englobant l’ensemble des responsables du système éducatif (inspecteurs d’académie, inspecteurs pédagogiques régionaux, chefs d’établissement professeurs d’éducation civique ou d’histoire et géographie, conseillers d’éducation, psychologues, médecins de santé scolaire…).

Cet enseignement est dispensé sous la forme de conférences ou cycles de conférences et de journées d’étude complétées de visites d’installations militaires ou en relation avec la défense.

1995

            Faisant suite aux deux précédents protocoles, un troisième est signé en avril 1995, avec toujours le même objectif de faire travailler ensemble l’école et l’armée. Il s’articule autour des trois mêmes axes :

– développement de l’esprit et de la culture de défense,

– intensification des liens entre les communautés enseignante et militaire,

-développement du partenariat (dans la lutte contre l’illettrisme et les conduites toxicophiles et dans la prévention du sida).

            Ce nouveau protocole renforce encore le rôle des trinômes en apportant un certain nombre d’améliorations quant aux structures d’appui, notamment la commission nationale Education nationale-Défense chargée d’orienter les actions et de rendre compte des résultats obtenus aux deux ministres concernés. Cette commission n’a malheureusement jamais été réunie.

            En l’absence de directives ministérielles, l’UNION-IHEDN assure seule pendant plusieurs années la pérennité de l’organisation en s’efforçant de coordonner les actions sur le terrain et en en publiant le bilan.

1997

            La loi portant réforme du service national, voté en octobre 1997, institue le parcours de citoyenneté avec :

– pour tous, garçons et filles, l’obligation du recensement à l’âge de 16 ans,

– pour tous, garçons et filles, l’obligation de l’appel de préparation à la défense, entre 16 et 18 ans,

– au-delà, pour certains, le volontariat militaire, entre 18 et 26 ans.

            La loi prévoit que les principes de l’organisation de la défense nationale et de la défense européenne font l’objet d’un enseignement obligatoire dans le cadre des programmes des établissements d’enseignement du second degré des premier et second cycles. Cette disposition est entrée en vigueur dès la rentrée 1998.

            Le B.O. n° 8 de l’Education nationale, rappelle les implications de la loi dans les missions des professeurs, repère dans les programmes d’enseignement les thèmes pouvant supporter l’éducation à la défense et donne un ensemble de références bibliographiques.

            Depuis 1997 plusieurs textes de portée diverse (conventions, circulaires…) ont été signés pour favoriser l’application de la loi, tant au niveau national que local, entre les armées, les directions et en services du ministère de la défense et des organismes relevant du ministère chargé de l’Education nationale,

2000

            Une deuxième rencontre des trinômes académiques, dans leurs trois composantes, est organisée à Toulouse en octobre 2000.

M. Jean-Paul de Gaudemar, directeur de l’enseignement scolaire au ministère de l’Education nationale conclut cette journée nationale en disant notamment que « les trinômes académiques constituent le vecteur précieux par lequel doit s’effectuer l’éducation à la défense dans son nouveau contexte » et qu’il convient aux trois partenaires à l’échelon local de « déterminer ensemble, à l’attention des enseignants, les formes les plus appropriées d’une approche dynamique des questions de défense ».

2004

            Dans le cadre de cette formation indispensable des enseignants aux questions de défense nationale et européenne, il est certain que les trinômes doivent jouer un rôle important. Afin de les renforcer, les valoriser et leur donner un nouvel essor, une convention cadre entre le ministère de la défense, le ministère de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, l’IHEDN, d’une part, l’Union des Associations de l’IHEDN, d’autre part, est signé en juillet 2004.

            Cette convention vise à définir les priorités d’action et à assurer le soutien financer des actions engagées par les associations des auditeurs de l’IHEDN. Elle a créé à cet effet la commission pour la promotion de l’esprit de défense (CPE Défense) qui est chargée de définir les orientations générales en la matière et d’examiner les projets en vue de l’attribution si nécessaire d’une éventuelle subvention. Les activités de la CPE Défense ont débuté en janvier 2005.

2007

            Les travaux relatifs à la signature d’un quatrième protocole sont lancés fin 2005 pour tenir compte des implications de la loi de 1997 et de l’ensemble des actions communes menées depuis lors pour la consolidation du lien armée-nation et le renforcement de la cohésion sociale.

            Le protocole d’accord signé le 31 janvier 2007 fixe de nouvelles orientations au partenariat Défense – Education nationale.

Faisant suite aux précédents protocoles de 1982, 1989 et 1995, ce nouveau document redéfinit, les actions communes des deux ministères pour favoriser la formation, l’insertion sociale et l’engagement dans la vie de la nation de tout jeune Français en sa qualité de citoyen.

            Le plan d’action élaboré conjointement par la Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives et la Direction générale de l’enseignement scolaire, en concertation avec les armées, directions et services des deux ministères, se décline autour de trois objectifs majeurs :

– donner à l’enseignement de défense sa juste place dans la formation des futurs citoyens,

– contribuer à l’emploi des jeunes et à l’égalité des chances,

– créer un dispositif de suivi et d’évaluation complet et cohérent.

            Pour la première fois, le protocole s’étend également aux coopérations en matière d’enseignement supérieur et de recherche.

Il précise les responsabilités de chacune des deux institutions et constitue, dans le respect des initiatives locales, une feuille de route opérationnelle qui, se déclinant au niveau académique, conforte la mission des trinômes.

            Une troisième journée nationale des trinômes académiques est organisée à Paris en mars 2007 pour répondre au souhait de la Commission pour la promotion de l’esprit de défense de réunir à nouveau les responsables des trois composantes dans le triple objectif de :

– réfléchir ensemble sur la conception des projets portés par les trinômes,

– redéfinir les priorités d’action,

– favoriser la connaissance mutuelle et stimuler les échanges d’expérience

2016

Dans la lignée des protocoles liant, depuis 1982, les ministères chargés de la Défense et de l’Éducation nationale, ce nouveau protocole intègre le ministère de l’Agriculture, permettant la prise en compte des 190 000 élèves et étudiants de l’enseignement agricole, qui constituent la deuxième communauté éducative de notre pays.


Ce texte intègre également les engagements ministériels inscrits dans le plan national d’actions contre le racisme et l’antisémitisme, ainsi que les 11 mesures du plan de grande mobilisation de l’École et de ses partenaires pour les valeurs de la République, notamment la réserve citoyenne de l’Éducation nationale, à laquelle la réserve citoyenne de la Défense apporte son concours.

Le texte identifie ainsi cinq  » axes d’effort  » prioritaires :

  • renforcer l’enseignement de défense et la formation des enseignants ;
  • développer les relations entre la défense et l’enseignement supérieur ;
  • participer à la lutte contre le décrochage scolaire et contribuer à la détection des jeunes en difficulté de lecture ;
  • favoriser le lien défense-jeunesse, l’égalité des chances et l’insertion professionnelle des jeunes ;
  • promouvoir les dispositifs de valorisation des acquis de l’expérience et favoriser la reconversion des militaires.

L’action conjuguée et inédite de ces trois ministères contribue à renforcer le lien entre la jeunesse et la défense, dans un contexte national marqué par la nécessité d’accroître la cohésion républicaine et citoyenne.